Le sujet difficile de l'anorexie dans la littérature ado, un pari réussi !
Je voudrais aborder dans ce poste le sujet sérieux de l'anorexie et un titre aux accents graves, : Seule contre moi.
Résumé de l’histoire
La vie. La mort. La lumière. Les ténèbres.
C'est le choix que doit faire Pascale dans ce roman. Ou plutôt qu'elle refuse de faire.
L'élément déclencheur de son histoire : une simple question.
« Est-ce que tu me trouves jolie? »
Ainsi commence le dur voyage de Pascale vers le poids toujours plus léger que le précédent.
C'est ainsi que le roman raconte l’histoire de cette jeune adolescente, qui, à 14 ans, va subir différentes pressions, sentimentales et familiales, l’amenant à haïr sa propre image. Commence alors une descente aux enfers pour la jeune fille jusqu’à l’anorexie. Additionnant cela à des parents complétant leur divorce ou des « amis » peu alertes, la jeune fille s’enferme dans une bulle destructrice dont son entourage ne verra que trop tard pour agir. Heureusement les yeux de sa professeure d’arts plastiques seront également posés sur Pascale. Cette dernière pourra exprimer en dessin et peinture le malaise de sa guerre identitaire et alimentaire. Grâce à cette thérapie artistique et un suivi médical, la jeune ado deviendra finalement une adulte sûre d’elle et de son image, ayant effacé de sa vie présente tous troubles alimentaires pour s’exprimer en tant qu’artiste réussie.
Analyse du roman
Dans ce court roman, Geneviève Piché trouve les mots pour parler du thème rude et tabou de l’anorexie. Ce trouble alimentaire est un mal que nous trouvons peu dans la littérature de jeunesse française. À travers une question toute bête, posée par une jeune fille qui voudrait être belle et aimée, mais dont la réponse sera dévastatrice. Elle la poussera aux frontières de l'auto-destruction. Qui la mènera jusqu'à l'anorexie.
Or, ce n'est pas la réponse d'un garçon qui motivera Pascale dans une perte toujours plus constante de poids. C'est ce qui n'a pas encore été révélé mais qui est pourtant bien là.
En se haïssant elle-même, elle cherche à échapper à une réalité bien différente de celle qu'elle souhaiterait avoir. Une réalité faite de parents peu présents, qui ne la comprennent pas, déjà trop occupés à régler leurs propres problèmes. Pour Pascale, perdre cette "graisse" est devenu un moyen de disparaître, de dissoudre les éléments qui empoisonnent petit à petit sa vie. Perdre, pour pouvoir s'envoler. S'envoler, haut, tellement haut que personne ne pourra lui faire du mal. Car elle a peur. Peur de tomber, tomber sans jamais pouvoir se relever.
Ainsi commence le dur voyage de Pascale vers le poids toujours plus léger que le précédent.
Le regard de l'auteure sur l'adolescence et les problèmes que l'on peut y rencontrer est juste, avec ceux que l'on a à l'école et ceux en dehors. L'écriture, dans un charmant québecquois, nous amène dans l'univers de Pascale, enfant fragile, abandonné par ceux qui sont le plus important pour elle. Avec un style de l’écriture simple, ce récit séduit par les enjeux qu'il aborde et comment ceux-ci se mêlent à la poésie formée par l'auteure à travers les chapitres. Nous pleurons, crions et rions aux côtés de notre personnage principale. Cette course vers la perte de poids n'est qu'une fuite de soi-même dans l’instabilité, l’autodestruction et/ou les troubles alimentaires rencontrés souvent à l’adolescence.
Ce livre nous montre que l'anorexie a toujours une cause plus profonde que celle que l'on croit. Le mal-être n'est souvent pas que causé par des moqueries dans la cour du collège, par les répliques méchantes ou une constante comparaison avec la plus belle fille du lycée. Cette perte d'estime de soi est souvent due à des problèmes profonds dont les ados ont du mal à parler, et qui les étouffent. C'est à tel point qu'ils en viennent à vouloir être s'évader dans l'auto-destruction, toujours plus forte, jusqu'à arriver au point de non retour.
Même si le roman ne met en place aucune construction formelle comme la polyphonie pour décourager l’identification au personnage, le lecteur va pouvoir prendre ses distances du point de vue de l’héroïne. Premièrement, le regard des autres personnages sur elle vont dénoncer ce changement comportemental et cette folie de la perte de poids. Ensuite, les jugements du personnage-narrateur sont durs, brutaux et non persuasifs, mettant mal à l’aise le lecteur. Cela l’empêche de les partager. Enfin, l’écrivaine a conclu l’histoire avec un dénouement, mettant en avant l'importance de prendre soin de soi pour l'épanouissement individuel.
Mon avis sur ce roman :
Le livre pourrait paraître dur, mais, à travers les yeux de Pascale, cela nous montre surtout un chemin vers la vie. Le ton du livre est assez triste, souvent remplis de doutes concernant nos existences, néanmoins, il y a ces petits moments, comme ceux que passent Pascale en gardant Félix, le fils des voisins, qui nous donnent envie d'y croire envie de continuer.
Ce qui peut déplaire :
En dehors du ton triste, ce livre nous embarque dans un monde qui ne plaît pas à tous les lecteurs, pouvant décrocher à certains moments. L'écriture est parfois simple, et l'auteure ne s'attarde pas toujours sur les moments qui pourraient être important, ou sur les sentiments de l'héroïne, créant un flou entre nos réactions et celle de Pascale.
Pourquoi j'aime ce livre :
Certains pourraient qualifier l'écriture de rigide et froide mais pour moi elle traduit bien les sentiments de l'héroïne, toujours en train de se battre pour remonter à la surface sans y parvenir.
J'ai trouvé ce livre touchant, malgré ses notes amères. Si nous assistons à la chute de Pascale, nous y voyons aussi sa remontée, difficile, mais certaine, vers la vie, les gens qu'elle aime, les gens sur qui elle peut compter.
La rudesse de l'anorexie n'est pas facile : elle fauche Pascale d'un coup alors que le lecteur sait qu'il y avait plusieurs autres manières de réagir, mais sans forcément que Pascale puisse y accéder. Ce n'est que quand nous comprenons les vrais raisons de cette maladie que nous nous rendons compte qu'elle était inévitable. Les diktats modernes de beauté y sont aussi dénoncés, mais pas directement cités.
Le livre pourrait paraître dur, mais, à travers les yeux de Pascale, cela nous montre surtout un chemin vers la vie.
Comme ce livre est mon premier livre sur cette maladie, peut-être que mon avis est moins expérimenté ou moins bien construit que d'autres lecteurs de ce sujet. Je recommande ce livre, car, pour pouvoir juger ce livre, il faut le lire dans son intégralité.
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